Mon regard retourne vers le passé.
Je vais m’abriter sous l’autel de mes souvenirs
Folie des temps anciens dansant dans ma tête.
***
Chante, oiseau de malheur
De ton nid tissé de misères
Pleure sur ta branche dénudée
Tes lamentations
D’hier
Et de demain.
Je porte une cruche accrochée à mes épaules
Qui égrène le Miserere
Qui se répand goutte à goutte sur le sentier
Détrempant mes pas et mes pleurs.
***
Nous nous parons de masques vivants
Et nous parons nos épitaphes de notre nom
Continuité
Répétition
Mensonge
Toujours le mensonge d’une vie de somnambule.
Et nous, comme des fantoches prisonniers,
Légion de marionnettes humaines
Nous nous parons de masques vivants.
Chacun porte son violon qui pleure
Déversant des cascades d’étoiles pour musique.
***
Rugit la terre dans un nuage de poussière
Avec de toutes les latitudes.
Quand au matin éclate le disque d’or
Déchirant la fine tunique des songes ...
Toutes les marionnettes se mettent à danser
Et entonnent leur complainte quotidienne.
Je me suis toujours demandée
Pourquoi ces ailes invisibles
Attachées à mes épaules?
Sans savoir que durant mon sommeil
Une main invisible
Manipulait
Mon âme
***
Je vois des pierres qui se vêtent et se dévêtent
Devant les jeux de lumières du cirque
Un coq carillonne des mensonges
Dans un cocorico retentissant.
Et nous, somnambules vivants
Nous dansons la balade des astres
Pendant qu’en bas, les fantômes glacés
Sommeillent au royaume des morts.
***
Ma maison est pleine de miroirs
Qui s'épient
Qui murmurent entre eux des secrets.
Ces miroirs blottis
Dans les recoins de ma chambre
Je ne les regarde pas,
Je les devine
J’ai peur d’y apercevoir
La succession de mes visages
J’ai peur du reflet d’une autre époque.
...................................
PARTIE II
Voici les clowns au masque bienveillant.
Le cirque continue sa tournée
Avec sa troupe de loques humaines.
Parfois elle rit
Parfois elle pleure
Ma figure parée de mes masques.
Et moi avec mon panier de délires
J’ai fais provision de chérubins en or
Qui, à la fin du dernier acte
Devront se charger de mes dernières
Bouffées d’illusions.
Le monde et ses mensonges
L’homme et ses mensonges
Homme des cavernes, surhomme
Sous-développé
Présent, absent, futur
Tous les hommes sont à la merci
Du grand Marionnettiste.
Les baleines crachent par leur évent
Des fontaines de mensonges.
Les tortues transportent le monde
Sur leur carapace de mensonge,
Et les calendriers avec leurs dates
Marquent le passage de jours de mensonge.
La lune et le soleil nous regardent
Avec leur face ronde
Ballon de carnaval . . . pleine lune
Ballon de carnaval . . . soleil de feu
Ballons libres, ivres, divinisés
Amoureux l’un de l’autre
S’aimant une nuit
Se déchirant le lendemain
S’insultant avec des mots invisibles
Avec des mots de feu.
Nous sommes tous des Christs mortels
Couverts de haillons sous le grand chapiteau.
Tombent Judas, Pierre et Jésus
Tombent les anges, tombent les diables
Tous tombent, Toi, nous, les autres
Je tombe aussi.
Délivré de mon corps
Sans le savoir, sans même le pressentir
Je parle toute seule
Ni Dieu ni le monde ne m'écoutent
Le monde est fou.
Je chante et je récite
Le scénario d’une autre tragédie.
Je n’essaie pas de penser ou de raisonner.
Tout sort d’un seul coup
Comme les hirondelles
Quand elles sortent de leur grotte
Qui chantent, crient, se saluent, se disent adieu
Et personne ne fait attention à elles.
Les morts,
Eux ne possèdent plus la sève du soleil.
Nous sommes son énergie
Nous sommes ses conducteurs
Il nous renforce nous transforme
Puis…
Tel un vampire diurne
Ses canines nous attrapent
Et nous enlèvent toute sève-vie.
Il s’en empare avec passion, avec flamme.
Je ne veux plus répéter cette comédie de bouffons
Je ne veux plus ni voir, ni entendre, ni pleurer.
Laissez-moi sur mon piédestal
Au beau milieu du chemin.
Aujourd’hui je ne veux plus savoir
Ni entendre mon ventre gronder, loup affamé.
Laissez-moi avec le cri du silence
Avec l’inconnu sans visage,
Avec le grand Marionnettiste.
J’en appelle à tous mes sens
Je passe en revue mes neurones
Mais chaque jour mes yeux s’affaiblissent
Le poids du monde pèse sur mes paupières
Elles sont lourdes, à moitié fermées.
Est-ce la nuit qui s’installe?
J’entrai d’un seul coup dans le monde du cirque.
On m’a confectionné un moule d’argile,
Vide de substance.
Mes racines poussent par l’intérieur.
Recouvrez-moi d’un linceul et de terre!
Je suis une parmi toutes, marionnettes de cirque
Qui traîne son violon toujours en pleurs
C’est pour toi que nous chantons, Être suprême
Avec les derniers soupirs de nos adieux éclatés.
Voici les clowns au masque pleurnichard
Voici les clowns au masque bienveillant.
Le cirque continue sa tournée
Avec sa troupe de loques humaines.
Moi je porte sur mon dos ma cruche vide
Mon violon qui pleure encore,
Un baluchon rempli de mes peurs
Et en plus je vends mes illusions
Dans la grande mascarade du cirque.
- fin -
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Merveilleux, Cecilia!
ResponderEliminarUne vraie pro...Avec du style à part cela.
J'ai beaucoup de chance d'avoir accès à un tel blogue. C'est très inspirant!
L'élève a encore beaucoup à apprendre du maître.
Amitiés!
Clara
Bonjour Cecilia,
ResponderEliminarLa lecture de ton texte, ce matin, me replonge au beau milieu de mes livres d'étude sur la tragédie grecque. Je suis très émue et enthousiaste.
En attendant, je lis et relis ton Kempis qui est tout à fait dans le ton du théâtre antique. Et je retourne m'émerveiller de ces auteurs immortels.
Je suis impatiente de nous retrouver avec toi et Marcelo pour échanger nos idées. Il y a tant de possibilités à exploiter au plan théâtral et, je n'en doute pas, il en sera pareil du côté musical.À bientôt,
Cécile Déziel